Les OGM sont-ils cancérigènes ?

Les OGM sont-ils cancérigènes ?

 

Qu'ils soient dangereux ou innocents, le débat sur les OGM constitue un excellent entrainement à l'esprit critique. Retour sur l'affaire Seralini...

Une alerte médiatique

L’idée que les OGM seraient cancérigènes a pris une ampleur sans précédent à la fin de l’année 2012 lorsque le Nouvel Observateur dévoilait en exclusivité les résultats d’une étude scientifique choc. Celle-ci constatait principalement que :

  • Les rats nourris aux OGM de Monsanto développaient d’énormes tumeurs sur le long terme.
  • Les rats nourris aux OGM de Monsanto développaient 2 à 5 fois plus de tumeurs que le groupe témoin.

 

► Il s’agissait ni plus ni moins de la première preuve scientifique de la dangerosité des OGM, après plusieurs décennies d’études cohérentes et rassurantes à ce sujet.

 

Des critiques pas toujours très convaincantes…

Les réactions n’ont pas tardé à arriver, et de nombreux reproches ont été fait dans le but de discréditer les travaux du professeur Seralini. Bien qu’ils soient véridiques, ces arguments ne remettent pourtant nullement en cause les résultats de l’étude.

 

Des conflits d’intérêts

L’étude a été réalisée par le “Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie Génétique” qui contrairement à ce qu’indique son nom, est tout sauf indépendant. Il s’agit en fait d’une association militant contre les OGM ! L’étude a également été financée par Auchan et Carrefour via un montage financier caché.

 

Un chercheur contesté

Seralini avait déjà publié de nombreuses études visant à discréditer les OGM. De plus, la publication coïncidait avec la sortie de son livre et de sonr eportage “Tous cobayes” dont il n’a pas manqué de faire la promotion, ce qui est un comportement discutable pour un scientifique. Il a également publié des recherches visant à donner une couverture scientifique à Sevene Pharma, une entreprise d’homéopathie.

 

Une surmédiatisation

Avant même la publication de l’étude, le Nouvel Obs en confirmait déjà les conclusions. La présentation faite était assez sensationnaliste avec des termes employés comme “tumeurs grandes comme une balle de golf” , “poisons”, “danger” , alors même que l’étude n’avait pas encore été débattue scientifiquement !

Mais d’autres bien plus pertinentes

Cependant, toutes les critiques ne se sont pas contentées de pointer du doigt Seralini et le CRIIGEN, c’est en fait l’étude en elle-même qui a été le plus souvent battue en brèche.

 

Des normes maltraitées

En temps normal, les études s’appuient sur les directives précises de l’OCDE afin de garantir la qualité des résultats obtenus. Seralini c’est donc basé sur la TG408 qui est destinée aux études de toxicité d’une durée de 90 jours, mais en l’étendant à… 730 jours (!)

Ainsi, lorsque Seralini explique qu’il a utilisé le même protocole, la même race et le même nombre de rats que les études de Monsanto, il a parfaitement raison, mais il oublie de préciser que ces dernières respectent les standards de l’OCDE, contrairement à lui.

 

Des statistiques trompeuses

L’erreur la plus importante est sans doute le trop faible nombre de rats employé. Si les standards de l’OCDE recommandent 50 rats par sexe, Seralini a étudié des groupes de… 10 rats. En d’autres mots, il a réalisé une étude sur les risques de cancers à long terme avec la méthodologie d’une étude de toxicité à court terme.

Si le nombre de rats par groupes était trop faible, le nombre de groupe était lui aussi discutable. Il n’y avait en effet qu’un seul groupe témoin pour… 9 groupes nourris aux OGM ! Ainsi, avec autant de données statistiquement non significatives, il aurait été très étonnant qu’aucun des 9 groupes nourris aux OGM ne développe plus de tumeurs que le témoin.

 

Des manquements méthodologiques graves

Mais il ne s’agit pas des seules biais, la souche de rats utilisée a également posé problème. Celle-ci est en effet connue pour développer un très fort taux de tumeurs vers la fin de leur vie un peu comme sur... les fameuses photos du Nouvel Obs. Celles-ci n'auraient d'ailleurs jamais du prendre une telle ampleur, l'éthique scientifique incite à euthanasier les rats souffrants, pas à faire durer leurs agonies afin de prendre les photos les plus choquantes possibles.

On peut également noter d’autres erreurs importantes comme l’absence d’analyse statistique, le manque d’informations sur le maïs utilisé, ou encore le non maintien du bilan nutritionnel entre les différents groupes.

 

Une étude rejetée par l’ensemble de la communauté scientifique

Enfin, les résultats de l’étude ont été contredits par l’ensemble de la communauté scientifique et de ses institutions. Certains y voient le résultat d’un travail de lobbying de la part de Monsanto, si celui-ci a très certainement eu lieu, il serait pourtant assez étonnant qu’une entreprise au chiffre d’affaire inférieur à celui de La Poste ait réussi à manipuler l’ensemble des agences de sécurité sanitaire mondiales.

Que retenir ?

Pas grand chose malheureusement. Même si les OGM sont dangereux à long terme, cette étude ne peut pas le prouver en raison de ses trop nombreux biais.

A l’heure actuelle, les milliers d’études indépendantes (des industriels) sur les OGM sont toutes rassurantes, il semble donc raisonnable de penser que les OGM ne sont pas cancérigènes jusqu'à preuve(s) du contraire.

Rappelons tout de même que le très faible nombre de point communs entre les différentes plantes génétiquement modifiées rend extrêmement improbable la possibilité que l’ensemble des OGM soit dangereux. Il s’agit plutôt de maintenir une vigilance au cas par cas, sans généraliser.

En savoir plus ?

Cet article ne se voulait pas exhaustif, pour la synthèse complète :

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    • JPC1941
    • 8 février 2017
    Répondre

    Pour ma part, cette étude faite dans un contexte orienté dès la conception (« nous allons prouver que les OGM sont toxiques ») selon un protocole non conventionnel, et truqué volontairement n’aurait jamais dû être publiée, et à tout le moins critiquée avant publication (comme tout travail scientifique soumis à publication). Il s’agit d’un faux, comme lorsqu’on falsifie un document (e.g. un acte de propriété)… Honte à son auteur.



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    • JPC1941
    • 8 février 2017
    Répondre

    Pour ma part, cette étude faite dans un contexte orienté dès la conception (« nous allons prouver que les OGM sont toxiques ») selon un protocole non conventionnel, et truqué volontairement n’aurait jamais dû être publiée, et à tout le moins critiquée avant publication (comme tout travail scientifique soumis à publication). Il s’agit d’un faux, comme lorsqu’on falsifie un document (e.g. un acte de propriété)… Honte à son auteur.

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